
Pour ce premier article, je vais tenter de vous expliquer toutes les phases du travail du doreur.
Je vais essayer de ne pas être trop rébarbative, mais de vous décrire quand même tout ce qui se passe avant que la feuille d’or ne recouvre le cadre.
Suivant l’état du cadre à restaurer il y à plus ou moins d’étapes à réaliser.

Pour celui-ci, on partait de loin !
Les pièces sont recollées et si nécessaire des « sifflets », petites lamelles de bois sont glissées dans les fentes créées par la déformation du bois.
Si la dorure est très abimée ou si elle a été recouverte de peinture dorée qui avec le temps devient verte
( quelle horreur !!), il faut parfois décaper complètement la pièce.

Celui-ci a été entièrement décapé, on peut voir les blancs mis à nu et la « pâte anglaises » dans laquelle ont été faits les moulages.

L’étape suivante consiste, après avoir encollé les parties manquantes, à boucher, reformer ou mouler celles-ci.
Ceci se fait avec une « pâte « composée de blanc de Meudon et de colle de peau de lapin.
Alors c’est ici que je vous entend dire » quelle horreur de la peau de lapin « , je suis de tout coeur avec vous, mais malheureusement cette technique ancestrale n’a pour l’instant pas trouvé de substitut pour réaliser cette colle.
Les ébénistes se servent de colle de poisson …. et à ce jour on a encore pas trouvé ( ou vraiment cherché)d’autre matière première.

Les détails de la sculpture des moulages, parfois empâtés par la pâte sont redéfinis à l’aide de fers à reparer dans l’épaisseurs des blancs.

Après avoir poncé, adouci tous les blancs et moulages on peut poser l’assiette.
Mais quelle assiette ? me direz vous, il s’ agit d’une préparation à base d’argile ( appelée aussi bol d’Arménie) qui permet à l’or d’adhérer au support, elle peut être rouge, la plus courante, jaune pour les fonds ou l’or pourrait être absent ou noir pour l’argent.
C’est l’ombre rouge que l’on aperçoit sous les traces d’usure, elle donne à l’or profondeur et chaleur.
Enfin arrive la dorure.
Deux techniques sont possibles pour la poser: à l’eau ou à la mixtion.
A l’eau : on mouille l’assiette au pinceau et avec une « palette » pinceau plat en poils de petit-gris ( c’est une espèce d’écureuil – désolée !!), la feuille est happée par l’eau et épouse les formes grâce à un pinceau appelé appuyeux.
Pour la dorure à la mixtion on pose un vernis sur lequel on posera la feuille, avant qu’il soit sec et colle encore un peu.

Certaine parties (dorées à l’eau )sont brunies à la pierre d’agate, pour les faire briller et donner du relief à la dorure.
Enfin la patine est réalisée, pour donner un aspect un peu vieilli.
Une patine à l’ancienne se fait le plus souvent avec un jus à base de gouache, que l’on passe en insistant sur certains reliefs pour obtenir un effet moins uniforme et plus naturel.
Un ponçage délicat à la laine de verre très fine peut se faire sur les endroits où il y a de l’assiette, afin de faire réapparaître le fond et donner des reflets rouges.

Voila vous savez tout, ou presque, si vous voulez d’autres renseignements, si le sujet vous intéresse, n’hésitez pas à me contacter, c’est avec plaisir que j’échangerai avec vous.